Saint-Paul-de-Vence, le 14-02-24
Ma chère famille,
Aujourd’hui, je suis monté sur les remparts de Saint-Paul. Il y avait ce cimetière gorgé de morts. Autour de Chagall à son apogée, les bourdons s’agglutinaient pour l’apercevoir, et les oiseaux montaient sur les croix. Quand je suis arrivé au bout de l’allée parfaitement tracée, je me suis surpris à fredonner, observant une vue des plus singulières. Sur ma droite, il y avait une immense vallée ; de l’autre côté, les Alpes blanches vêtues. Et devant, lointaine, la mer Méditerranée marquait une démarcation nette avec le ciel, d’un bleu bien plus pâle. J’imaginais l’eau briller des paillettes du soleil, tant ses rayons me réchauffaient la peau. J’étais seul dans cet immense royaume, et, j’ai pensé qu’ici, c’était un bel endroit où faire un somme.
Monsieur Chagall se prélassait sous les pommes de pin, quand il fut réveillé par le chant d’un coq. Ah ! Qu’on amène la foule en délire : qu’on apporte les fauves, les journalistes, que commencent les dédicaces !
J’espère pouvoir vous y emmener un jour, dans ce lieu qui rigole et qui danse – qui a célébré le mariage de Montand, et tant inspiré : de Picasso à Prévert, ou encore Braque.
Benjamin