D’un pas-chassé de goéland, je vire l’arme du crime dans une poubelle en forme de cône.
Il faut bien saluer la créativité de Fenocchio :
Une glace à la tourte de blette, à mi-chemin entre coup de génie et coup de tatane.
C’est sur ce méfait qu’a éclaté la bagarre :
Un homme en parka rouge vif tente d’asséner des coups à une grande girafe d’au moins 1m90.
Le plus important, c’est d’essayer.
L’autre se contente de taper des esquives, gigotant la tête de 10 centimètres à gauche, à droite, l’air serein.
Il aurait même le temps de lire ce Cachet.
Évidemment, j’observe l’assemblée ridicule:
Il y a ceux qui composent le 17.
La plupart bavassent pour exposer leur vérité.
Certains sentent le grand reporter en eux qui s’éveille.
Les autres se grimpent dessus pour la meilleure loge.
L’ambiance est explosive : un cercle difforme finit par se former, puis se rompt.
Une chose est certaine, tout le monde s’est senti concerné par l’issue de ce pugilat unilatéral.
Et je me rends compte :
Que nos instincts primitifs, tout comme nos besoins primaires n’ont pas changé.
Nous les réprimons par dignité, les exprimons avec réserve, parfois dans l’abondance de nos ressources. Habillés, apprêtés, le sourire en épingle.
Mais au final :
On continuera d’attiser les braises du plus vil combat de coqs.
Et ça, des grandes entreprises l’ont bien compris.
Alors elles exploitent la faille, embauchant des psys, chargés de créer l’algorithme parfait, le marketing idéal, pour que danse le cosmos comme autour d’un feu de joie célébrant leur produit.
Te voilà dans l’engrenage de l’objet brillant.
Celui qui te fait sautiller d’un jouet à l’autre pour satisfaire ton appétit de nouveauté.
Tu es attentif partout, attentif nulle part.
Le tissage de liens profonds ne serait-il pas aussi pertinent que la découverte de l’ailleurs ?
Pour illustrer mes propos, un peu de Saint-Exupéry, qui a eu la brillante idée d’écrire un conte philosophique à l’intelligence du coeur et de l’esprit.
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
« S’il te plaît… apprivoise-moi ! dit-il.
– Je veux bien, mais je n’ai pas beaucoup de temps. J’ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
– On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands »