L’une des plus grandes failles de l’être humain relève de la culture qu’il a toujours voué à faire la guerre. La tolérance, bien au contraire, contribue à un état de paix rendu possible entre les êtres, les groupes et les Etats, mais surtout avec soi. J’ai intégré cette croyance grâce à différents auteurs et expériences auxquels je fais référence tout au long de cette note.
Ecouter pour apprendre
Lors du dîner de famille dominical, vous voulez ardemment démontrer à cet oncle grincheux qu’il a tort. Vos propositions en matière de politique sont meilleures ; vous le pensez réellement, ou elles servent vos intérêts privés. Alors, vous coupez la parole, interférez, vociférez. Pourtant, on apprend beaucoup plus en écoutant l’autre, de manière passionnée, qu’en débitant dans un souci d’orgueil. Votre seule envie est d’obliger votre adversaire à adhérer à votre point de vue. A aucun moment il n’est question de remettre en question vos propres vérités limitantes. « L’égo est une véritable prison psychologique », affirme Eckhart Tolle dans Le pouvoir du moment présent. C’est pour cela que la plupart des intervenants coupent la parole : parce qu’ils se moquent des réponses. Leur but n’est pas d’évoluer comme la plasticité du cerveau le permet mais de conquérir.
Je pense que la curiosité de tout pousse à l’accumulation d’avis contradictoires et de découvertes si variées (exemple : l’étude de toutes les alimentations dites saines, ou des religions) qu’ils vous permettent de comparer et constituer un avis d’expert, qui n’est pas la stricte vérité, ou pas d’avis du tout. On a le droit de ne pas en avoir, tout simplement car on désire simplement vivre, sans se soucier de telle ou telle question, à condition d’accepter ce qui est.
Je songe au fait qu’avant de se demander « Comment ? », en règle générale, il faudrait par réflexe demander « Pourquoi ? ». Nous sommes d’éternelles étudiants, et le manque de savoir conduit à l’intolérance. Je suis contre la justification systématique de nos actes – mais lorsqu’il relève de la transmission de pensée – nous pouvons finalement nous placer dans la tête de l’interlocuteur, ainsi comprendre ses raisons. Il paraît plus aisé de tolérer tonton, et de respecter ses opinions. Ainsi, notre parole peut devenir impeccable (premier accord toltèque, Miguel Ruiz).
Vivre dans le calme
Chaque jour, l’être humain moderne multiplie les excès d’intolérance. Quand on le bouscule à la sortie du métro, il s’énerve et pense que c’est grave (voir mon article Note sur les choses qui nous énervent). Il ne savait guère que l’homme pressé rejoignait sa sœur accouchant. Mais maintenant, il se sent en colère, tandis que le frère l’a déjà oublié.
Alors qu’il est salarié, l’être humain peste contre sa collègue qui lui a mal parlé. Effectivement, celle-ci avait dormi trois heures. Il râle aussi contre le moucheron collé à sa lampe quand il rentre chez lui.
Plutôt que vous identifier à croyances et émotions pour vous infliger la sanction qui en découle, prenez l’arrivée de cette situation comme une nouvelle donnée concernant la nature du monde. Et si vous aviez déjà cette information, n’en faites pas une affaire personnelle (second accord toltèque, Miguel Ruiz). Acceptez la variété.
Mon propos est de dire que nous avons tous nos raisons, parfois à tort, de dire, et de faire : un évènement, le retard, la maladie mentale, la nonchalance, le doute, la nature, la fatigue, la maladresse, une incompréhension, une émotion comme la peur, l’amour ou la colère par exemple. Je ne dis pas qu’il faut accepter tous les méfaits ; car comme dit le célèbre adage : « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». Certains avis comme le racisme sont intolérants par nature, et comme disait Orelsan, « A l’étranger, t’es un étranger, ça sert à rien d’être raciste ».
Non ; ce que je dis, c’est que vous ne contrôlez pas la puissance des éléments, des réactions en chaine ni les réactions des animaux. Les gens ne se comporteront jamais comme vous le voulez. Ils ne suivront pas exactement les normes légales et morales de notre société, car le monde est imparfait. Même, que plus que cela, il est ce qu’il est. Un rassemblement de choses et d’êtres aux modes de réflexion diverses qui tentent de vivre ensemble, s’exploitent entre eux, utilisent les failles et ressources de leur environnement pour survivre et prospérer. Parfois, pour différents motifs, ils se poussent, lancent des regards interrogateurs, gênent le passage, sont malpolis, font de la fumée, provoquent des odeurs, du bruit ou des catastrophes. Il s’agit d’augmenter son niveau de tolérance à la vie qui est.
Etre rancunier est inutile. Le pardon, essence même de la tolérance de l’autre, pour ouvrir son esprit et atteindre l’harmonie dans la différence, favorisera à tendre vers une vie où la richesse du monde est appréciée dans son entièreté.