Et puis moi je suis là
Un fond de piano rouge
Et je t’écris ces vers
Désorganisés
Comme toi
Un cri du coeur, sans rime
Sans alexandrin
Pour mon dernier voyage
Nous, te dévalant en BMW
Sur le Quai des États-Unis
C’est hypnotisant
De la house à fond, on écrase le klaxon
J’avoue, j’avais envie de gerber
Je suis là, à me baigner en short
Dans les brassées de diamants dansants
D’une mer bicolore
Du turquoise à l’azur
Question de lumière
Je suis là, à me baigner en plein mois de décembre
Pour Saint-Nicolas
Et on a encore chaud
Je suis là, à me baigner avec maman
Et je ressors de l’eau
Criant
Luisant
Une plaque rouge
Comme une tomate d’Italie
Il y avait des méduses
C’est la vie
Moi, haletant sur mon vélo bleu
Derrière mon grand amour
On s’est rentré dedans
Sous la pluie, j’admire le Roy brûler
Les enceintes faire trembler tes arcades
Tremblez !
Les feux d’artifice t’exploser au visage
Et derrière eux, invisible
La lune rosée
Du mimosa en bouquet
Des projecteurs illuminant les anges
Qui n’ont pas trouvé meilleur repos
Que sur ton sol dur et craquelé
Car tu es calme et apaisante
Parfois très bruyante
Il faut dire, qu’on utiliserait n’importe quel prétexte
Pour passer un peu de temps avec toi
Toi qui accueille
Les plus beaux levers de soleil
De l’humanité
Ils sont rouges, rosés, jaunes et oranges
Blancs, et j’adore ça
Avec un café noir, de l’écume plein les lèvres
Comme celle qui crochète
Une dentelle unique
À chaque ressac
Car ta robe, pour toutes les occasions
Me donne la foi de danser
De courir parfois, à 5h du mat’
Devant l’armada des goélands
Pataugeant comme des oufs
Qui ricanent
Je m’appuie sur tes rochers
Au bord du précipice
Je pourrais plonger
Comme elle
Car ton eau est douce
Jusqu’à la Réserve
Où je prends mon kayak
Nage avec les cygnes
Te voir d’aussi loin, c’est comme te saluer de la main
Te voir d’aussi haut, dans un avion qui décolle
C’est comme te dire à bientôt
Je reviens !
Je suis là
Faisant plus que te saluer
Toi qui accueille mes rêves en premier
De faire le tour de la Terre
Mais surtout
De continuer à te fouler
De te salir en mangeant
Les mains pleines d’anchois
Toi qui accueille mes sommeils
À midi, pendant ces pauses brèves
Un chrono à la main
Tu m’as même vu pleurer
Derrière des lunettes tintées
Pas seulement contre ton astre éternel
Car sur la Promenade des Anglais
On croise toujours un visage familier
Et puis nous, on est là
On s’embrasse
Devant la Villa Masséna
À deux pas du Negresco
Qui brille pour toujours et à jamais
Même pour les voisins
Comme une étoile
Écrasée au bord de l’eau
Comme quoi, les larmes ne durent jamais
La dolce vita
Deux ans, c’est toute une vie qui est passée
Et pas seulement la mienne
Car tu es
Le lieu de toutes les rencontres
Et pas seulement les miennes
Au fond, tu n’es pas mienne
Mais celle de ceux qui t’écrasent la face
Que tu retournes
Encore
Où trouves-tu le temps de dormir ?
Jamais
Et tu le rends bien
Comme ce mois d’octobre
C’était la tempête
Tes vagues hydratèrent
Dans un ballet humide
La colline du château, jusqu’à la racine
Et les plages
Jusqu’à piller les galets gris
Mais même par vents violents
On ne te condamne pas
Sur tes chaises bleues, entre deux inconnus
On continuera de chanter
Nissa la Bella !